RÉSUMÉ DU SPECTACLE

Création automne 2027

Spectacle théâtral transmédia composé d’un jeu vidéo et de deux pièces participatives, l’une tout public pour grand plateau et l’autre pour classes de lycée et collèges. 

« La politique, c’est la part non fatale du devenir ».
Daniel Bensaïd.

« Des mouches aux mains d’enfants espiègles, voici ce que nous sommes pour les dieux ; ils nous tuent pour s’amuser. »
William Shakespeare

« Vous êtes hantés par un sentiment d’impuissance et d’incapacité à agir sur le monde tel qu’il va ? Vous êtes au fond convaincu-e-s que rien ne pourra empêcher la catastrophe politique de votre pays ? Êtes-vous résigné-e-s ? Amer ? Cynique ? Avez-vous tendance à vous repliez sur vous-mêmes ? Vous n’êtes ni heureux ni malheureux. Vous travaillez. Vous gagnez votre vie. Vous avez des ambitions raisonnables. Vous êtes dans la moyenne. Devenez un héros tragique. Rejoignez le monde de Sophocle où vous pourrez choisir d’incarner différents personnages mythiques inspirés de l’univers de la Grèce antique et des tragédies. » 

A partir des deux tragédies de Sophocle, Œdipe Roi et Œdipe à Colonne, nous créerons un jeu vidéo en ligne intitulé Le monde de Sophocle, un « monde ouvert » où, grâce à des avatars, chacun pourra voyager, rencontrer les personnages de Sophocle et ceux des deux pièces, y vivre des expériences et d’autres vies que la sienne…

La première pièce sera pour grand plateau, avec 6 acteurices et des guests (spectateurs, autres…) La seconde sera proposée en amont et en aval de la première, à destination de classes de collèges ou lycées. Chacune explorera les trajectoires de personnages qui refusent leur assignation (ou destin), tentant d’y échapper par le combat ou la fuite, notamment dans un jeu vidéo.
Ce projet engagera une réflexion sur le progrès, la cohabitation de l’Homme, du Vivant et de la Machine.

EXTRAITS
 « À partir de maintenant, vous pouvez soit vous crever les yeux de désespoir (ici) soit refuser absolument ce que vous annonce l’oracle et le condamner à l’exil (ici) ou à la mort (là). »
« Vous pouvez accueillir dans votre ville ce misérable vieillard (ici) soit faire intervenir les forces de l’ordre et l’expulser le plus rapidement possible (là). »
« Vous pouvez accepter la proposition d’Antigone d’aller passer quelques jours au bord de la mer (ici) soit décamper au plus vite (là). »
« Tuez-le (ici), épargnez-le (là) ».

RESUME
Elles ne se connaissent pas. Elles ont comme seul point commun de vivre dans une société qui ne croit plus à la démocratie, où le réel et le virtuel ne sont plus des catégories pertinentes pour parler de l’existence humaine. Elles ne se sont jamais rencontrées en présentiel mais jouent régulièrement à un jeu vidéo en RPG intitulé « Le labyrinthe invisible ». Ce sont des personnes qui se sentent à l’étroit dans leur vie et qui trouvent une échappatoire dans le jeu. Elles s’y engouffrent, s’y plongent et s’y perdent des nuits durant, des années durant. Elles voyagent dans ce monde ouvert qui se déroule dans le paysage de la Grèce antique où l’intensité de la vie est plus grande, les engagements politiques plus radicaux, le sang plus rouge, où l’existence est plus vaste que celle qu’elles vivent dans cette société glaciale et sécuritaire. Elles se rencontrent, se battent, s’allient, se rassemblent, se perdent, meurent parfois et renaissent. Mais progressivement quelque chose va déborder, va se mettre à contaminer le monde encore réel de leurs existences physiques. Et ce qui n’existait que dans le jeu frappe soudain à la porte de leurs logements où elles s’enferment, ce qui n’existait que dans cette Grèce antique virtuelle finit par avoir des conséquences sur le monde de ce milieu du vingt et unième siècle.

Est-ce que le virtuel peut avoir des conséquences dans la vie réelle des êtres et d’une société ? Est-ce qu’en jouant ces joueurs et ces joueuses vont finir par transformer la vie ? Le jeu est-il une fuite, un refuge ou l’occasion de se réinventer et de retrouver une place dans le monde ? Comment le virtuel transforme-t-il le réel ? Comment un jeu vidéo peut-il nous permettre soudain de reprendre en main nos vies et d’habiter ce monde nouveau à la lisière entre virtuel et réel sans en être aliéné ? L’avenir mutant nous promet-il uniquement des sociétés totalitaires ou des alternatives et des collaborations humains machines peuvent-elles apparaître synonyme de liberté et d’émancipation ?

Dans le labyrinthe invisible, vous pouvez choisir de jouer les personnages suivants : Œdipe, Antigone, Ismène, Thésée, Polynice, un messager, Créon, Tirésias, Jocaste, un prêtre, un guerrier, un vieux berger de Corinthe, un vieux berger de Thèbes. Vous pouvez administrer une ville, lutter contre la décadence, faire souffrir votre peuple, déclencher une guerre, tuer le Sphinx, partir en exil sur les routes, misérable et aveugle, demander l’asile, ne pas assassiner votre père ni coucher avec votre mère. Il y a aussi des quêtes secondaires où vous pouvez vous perdre dans les paysages magnifiques de la Grèce antique, rester des semaines ou des mois dans un petit village, devenir pêcheur, gérer une exploitation agricole, partir à la recherche de créatures légendaires ou de trésors dans le labyrinthe, combattre des monstres, résoudre des énigmes, vivre à l’écart des batailles, chercher le chemin pour rejoindre d’autres époques.

Il y a Diane, Antonio, Justin et Amina. Antonio est ouvrier qualifié en arrêt maladie, après avoir subi une pression de sa hiérarchie pour avoir défendu le droit de grève. Justin est urgentiste. Diane, étudiante en histoire de l’Art. Amina, Assistante maternelle. L’une de ces quatre personnes est une intelligence artificielle mais personne ne le sait. Elle vit et travaille au milieu des êtres humains. Au jeu vidéo, elle perçoit des choses que les autres ne perçoivent pas, certains développements possibles.

 

Coproduction Théâtre Jean-François Voguet, Fontenay-sous-Bois; en cours.